L'âne ce thérapeute à 4 pattes
08.05.2023
Depuis bientôt 5 ans, le Département organise des séances de médiation animale avec des ânes. Des moments précieux qui contribuent à soigner des personnes souffrant de différentes pathologies.
Au pied de Sainte-Victoire, sur les terres du domaine départemental de Roque-Vautarde, 14 ânes profitent au quotidien de la nature sous l’oeil bienveillant de Caroline Bertucceli, écoguide au Département. S’ils font le bonheur des visiteurs qui se plaisent à les caresser, ils constituent également un formidable support de soins pour les publics fragiles.
Un animal intelligent et empathique
“Après de nombreux kilomètres parcourus avec eux, il m’est apparu comme une évidence que ces animaux avaient autre chose à donner”, explique Caroline, “les ânes sont particulièrement doux et dotés d’une intelligence hors-norme. Très empathiques, ils sont attirés par les personnes vulnérables”, poursuit-elle. Depuis quelques années, elle pilote en effet des ateliers de médiation animale à destination de personnes souffrant de dépression, de handicap mental ou de troubles du comportement. C’est le cas notamment de Béatrice et Kim, soignées dans l’unité d’Addictologie de l’hôpital Montperrin à Aix-en-Provence, qui prennent plaisir à suivre cette thérapie depuis maintenant plusieurs mois. En ce lundi ensoleillé de janvier, elles filent retrouver Pistou et Antonin, leurs petits protégés.
Elles se sont trouvées
C’est au tour de Karine, une nouvelle patiente, d’identifier l’âne avec qui elle travaillera. “Tu vas aller les observer et tu sauras lequel est fait pour toi”, lui conseille Caroline. À peine entrée dans le pré, Pirouette s’approche et se laisse facilement caresser par la nouvelle venue. “Cette ânesse a été maltraitée. Elle a tendance à fuir lorsque quelqu’un tente de la toucher. Là, nous assistons à une scène rare”, souligne la spécialiste. Soudain, Karine fond en larmes. “Elles se sont trouvées. Pirouette a ressenti la souffrance de Karine. C’est toujours aussi incroyable”, s’étonne encore Caroline. Brossage, massages, nourrissage, jeux, la séance se poursuit avec des ateliers tactiles où la confiance réciproque est essentielle. “Vous avez vu la différence ? Après le trop plein d’émotions, le visage de Karine s’est éclairé”, se réjouit Clémence, assistante sociale à l’hôpital Montperrin.
Recréer du lien social
Si les séances permettent à ces femmes de se sentir utiles et d’oublier leur quotidien l’espace de quelques heures, elles aident aussi à recréer un lien social parfois rompu.“Vous savez, quand on essaie de se débarrasser d’une addiction, on s’isole”, regrette Béatrice, “mais ici, c’est un lieu de partage. On pratique une activité ensemble, on piquenique ensemble dans la nature, j’adore venir, ça m’apaise beaucoup”. Pour Karine, cette première expérience fut un véritable succès. “Je reviendrai !” lance-t-elle, le sourire retrouvé.