Un tiers de la superficie des Bouches-du-Rhône est utilisé par l’agriculture, soit 150 000 hectares, les 4 200 exploitations emploient environ 20 000 salariés et dégagent un chiffre d’affaires de près de 950 millions d’euros.
Le "made in Provence" à préserver
En Provence, les agriculteurs sont inquiets. Ils traversent une des plus fortes crises enregistrées depuis vingt ans.
Les Bouches-du-Rhône restent un département fortement agricole et si la situation est grave au vu du dernier recensement général agricole (RGA), avec une chute de 50 % du nombre d'exploitations en 20 ans et l'effondrement de l'installation en agriculture depuis quelques années, elle n'est pas désespérée. La surface agricole utile (SAU) résiste, couvrant près d'un tiers du territoire et la présence de nombreux signes officiels de qualité, en illustre le dynamisme.
Problème de compétitivité
Les facteurs de la crise sont multiples : des coûts de production trop élevés par rapport à ceux pratiqués dans certains pays européens, les pressions sur les prix exercées par la grande distribution ou encore la disparition progressive des outils de régulation des marchés… Sans compter que dans les Bouches-du-Rhône, département fortement soumis à la pression foncière, les agriculteurs sont handicapés par le prix des terrains, facteur d’endettement des exploitations.
Les circuits courts de vente
Dans ce contexte « sombre », de nombreux professionnels croient encore dans les atouts d’un département où les zones agricoles côtoient de grandes zones urbaines, particulièrement adaptées aux circuits courts de vente. Ces circuits courts permettent en effet de vendre directement du producteur au consommateur ou par le canal d’un seul intermédiaire : marché de producteurs locaux, vente à la ferme, paniers paysans (Amap), épiceries solidaires. D'autant que pour ces formes de vente, la demande existe. Mais l’offre nécessite encore de se structurer.
Bien entendu, pour notre agriculture fortement exportatrice, les circuits longs restent la forme de commercialisation prépondérante.
L’indépendance alimentaire
Si cette crise revêt une dimension sociale indéniable, ses conséquences pourraient se faire sentir sur l’équilibre du territoire des Bouches-du-Rhône. En effet, là où l’agriculture recule, la spéculation foncière avance. C’est cette dimension stratégique qu’il convient également de défendre. Tout comme il convient de s’interroger sur le rôle majeur joué par les terres cultivées dans la lutte contre les incendies, contre les inondations ou pour le maintien des écosystèmes où les pratiques agricoles jouent pleinement leur rôle. L'élevage extensif, soutenu sous l'angle sanitaire par le Laboratoire départemental d'analyses en est une illustration.
En chiffres
Dans les Bouches-du-Rhône, la seule filière fruits et légumes a enregistré sur la saison d’été 2011, une perte de 110 millions d’euros qui pourrait se traduire par la disparition de 300 exploitations sur les 4 200 que compte le département.
120 exploitations suivies
Solidarité Paysans est une association nationale de défense des agriculteurs en difficulté qui fédère des structures régionales, dont Solidarités Paysans Provence. Depuis sa création en 1995, Solidarité Paysans Provence a accompagné 600 familles d’agriculteurs en difficulté. En 2011, 120 familles sont suivies par l’association.
www.solidaritepaysans.org
Des mesures pour les agriculteurs
L’accès au RSA
Le Département se mobilise pour améliorer les conditions d’accès des exploitants agricoles au Revenu de solidarité active (RSA). Les exploitants sont en effet pénalisés par les modalités d’ouverture des droits peu adaptés à leur situation. Le Conseil départemental, en tant que gestionnaire du RSA, a décidé de déroger au cas par cas, selon la situation de précarité (changement de ressources, situation familiale, santé, aléas climatiques…).
Un outil novateur pour protéger les terres agricoles
C’est une mesure audacieuse que le Conseil départemental a pris en votant, au terme d’une longue procédure, la création d’un Périmètre de protection d’un espace agricole et naturel périurbain (PAEN) à Velaux. Premier PAEN des Bouches-du-Rhône et troisième de France, ce dispositif se déploie sur un territoire de 300 ha, en zone périurbaine, entre Aix-Marseille-Etang de Berre, préservé de toute urbanisation. Il permet de sortir de la spéculation foncière pour n’être vouée qu’à l’agriculture. Outil foncier novateur, il n’est modifiable et réductible que par décret. Une nécessité dans cette zone agricole en déshérence qui risquait de basculer en zone d’activités ou d’habitat.
Le PAEN s’accompagne d’un plan d’actions qui doit permettre, une fois les agriculteurs installés, de promouvoir la vente directe, de prévenir les risques naturels grâce au sylvo-pastoralisme et à la reconquête des friches, d’implanter une culture de terroir, respectueuse de l’environnement.