La maison de la Harpiste et ses peintures illusionnistes : un trésor en Provence
Le musée départemental Arles antique, acteur clé de l’archéologie en Provence, se distingue par sa capacité unique à enrichir ses collections grâce à son service archéologique.
Une de ses découvertes majeures, issue des fouilles du site de la Verrerie sur la rive droite du Rhône, est la Maison de la Harpiste, une demeure romaine d’exception datant de 70 à 50 av. J.-C., révélant un pan inédit de l’histoire d’Arles.
Baptisée la « maison de la Harpiste », du nom de l’une des figures représentées sur ses murs, cette demeure témoigne de l’installation précoce de familles aisées d’origine italienne avant la fondation de la colonie romaine en 46 av. J.-C. Les études des différentes catégorie de matériel (peintures, tuiles, vaisselle, graines….) révèlent que le propriétaire a vraisemblablement fait venir une main d’œuvre spécialisée pour construite et décorer sa maison, des matériaux de construction pour la couvrir, des plantes alors absentes de notre territoire (cyprès) pour agrémenter son jardin et même de la vaisselle et des produits de consommation pour ses repas.
Les peintures retrouvées dans un exceptionnel état de conservation confirment le luxe des lieux et renvoient aux décors peints de deuxième style pompéien. Il s’agit de l’ensemble de peintures murales du milieu du Ier siècle av. J-C. le plus complet connu en France.
Sur le terrain, les enduits peints se trouvaient à la fois encore en place sur les murs et épars dans les niveaux archéologiques. Leur étude, confié un spécialiste de l’Inrap, a permis d’identifier une vingtaine de décors. Ils reproduisent l’architecture de manière illusionniste en adoptant une palette de couleurs diversifiée. Le puzzle effectué a notamment permis de remonter un pan de mur peint complet sur l’intégralité de sa hauteur (2m90) et de révéler les peintures luxuriante d’une pièce de l’étage adoptant le cinabre, le pigment le plus couteux du monde romain. Le décor peint le plus remarquable prenait place dans la pièce de réception. Il intègre une douzaine de personnages de grande taille (mégalographie) faisant partie du cortège de Dionysos ; des ménades jouant de la musique et dansant alternent avec des satyres et divinités masculines. Ce type de représentation, rarissime même en Italie, était inconnu en Gaule avant cette découverte.
Archéologues, restaurateurs et conservateurs poursuivent leur travail avec pour objectif de reconstituer virtuellement la maison et d’intégrer le résultat de leurs recherches dans les collections permanentes du musée.
Le Département des Bouches-du-Rhône réaffirme ainsi son rôle moteur dans la valorisation de l’histoire régionale.
Le site archéologique de la Verrerie en quelques dates
1782 – Construction d’une manufacture de verre
1809 – Liquidation de la manufacture de verre
1979 – Projet immobilier
1982-1984 – Fouille de sauvetage révélant des maisons des IIe-IIIe s.
-> Découverte majeure : mosaïques d’Aiôn et de Méduse (aujourd’hui dans les collections du musée)
1987 – Classement Monument historique de la grande Halle de la Verrerie
2013 – Redégagement du site dans le cadre d’une fouille urgence (MDAA-CD13)
-> Découverte majeure : mosaïque « au bouclier » (IIIe s.)
2014-2017 – Fouille programmée sous la responsabilité de Marie-Pierre Rothé (MDAA-CD13)
-> Découverte majeure : la maison de la Harpiste et ses fresques remarquables (70-50 av. J.-C.)