Conseil départemental des Bouches-du-Rhône

Harcèlement scolaire : le Département se mobilise

En France, 1 élève sur 10 est victime de harcèlement scolaire. Ces jeunes subissent une violence quotidienne, verbale, physique ou psychologique, sur les réseaux sociaux, au sein de leur établissement scolaire, dans la rue... avec parfois des conséquences dramatiques pouvant conduire au suicide.

Le Département, qui a fait de la lutte contre ce fléau une priorité absolue, déploie un arsenal de mesures, qui va de la prévention à destination des jeunes, à la formation des personnels et à l’accompagnement des victimes.

Pour aller plus loin, la Région et le Département ont décidé d’unir leurs forces dans un véritable plan anti-harcèlement.

UN FRONT COMMUN POUR DIRE STOP !

Parce que le harcèlement scolaire est une problématique complexe, le Département et la Région ont imaginé un plan anti-harcèlement qui apporte des réponses concrètes à tous les niveaux.

Ce plan, qui se décline en trois volets, doit permettre de renforcer les actions de prévention auprès des collégiens et des lycéens, d’élargir la formation des personnels des établissements, de mieux détecter les cas de harcèlement et de faciliter le recueil de la parole des témoins et des victimes.
 

Sensibiliser :
  • Mettre en place un fonds de lutte doté de près d’1 million d’euros.
  • Former les agents des collèges et des lycées à la détection des signaux : chaque adulte présent dans un établissement scolaire peut être un lanceur d’alerte et ainsi sauver des vies.
Détecter :
  • Accompagner les proviseurs et les principaux qui souhaitent aménager des “espaces d’écoute et d’accueil” dans leur établissement et ainsi créer des zones refuges où les élèves harcelés peuvent être écoutés.
  • Renforcer le dispositif existant des médiateurs éducatifs et sociaux devant les collèges et les lycées.
Réagir :
  • Lancer un appel à projets pour les associations qui proposent un programme sur la confiance, l’estime de soi et l’empathie.
  • Accélérer la mise en place et la rénovation des salles “Mélanie” dans les services de police et de gendarmerie qui permettent d’accueillir les enfants victimes de violence et de harcèlement.
LES NUMÉROS UTILES POUR LES VICTIMES ET LES TÉMOINS

 

Le 119

Numéro d’appel national de l’enfance en danger.
 

Le 3018

Depuis le 1er janvier 2024, numéro national unique de signalement des situations de harcèlement et de cyberharcèlement entre élèves. Appel gratuit, anonyme et confidentiel, accessible 7j/7 de 9h à 23h (jours fériés inclus).

AU COLLÈGE, PRÉVENIR PEUT GUÉRIR

Chaque année, le Département propose plusieurs centaines d’actions éducatives dans les collèges pour prévenir le harcèlement et les violences scolaires. Cet engagement essentiel permet aux élèves de mieux comprendre ce phénomène et d’adopter les bons réflexes.

“Donne-moi 20 euros et je te rends ton portable !”, “Y’a quoi dans ton sac ? ”, “Ne dis rien ou j’appelle mon grand frère pour te démonter”. Ces propos chocs sont issus d’un atelier participatif organisé au collège Jean- Zay à Rousset pour sensibiliser des élèves de 5e au harcèlement scolaire.
Si cette triste scène est fictive ce matin-là, elle a pourtant bien lieu au quotidien dans les couloirs, les salles de classe ou aux abords des établissements scolaires, partout en France.
 

“CE N’EST PAS UNE VICTIME, C’EST TA VICTIME”

Orchestré par la compagnie Entr’Act, ce débat théâtral s’inscrit dans le cadre des Actions éducatives proposées par le Département pour lutter contre ce fléau. Pendant près de 2 heures, les élèves, accompagnés de comédiens professionnels, sont invités tour à tour à incarner les harceleurs, les victimes et les témoins.
Racket, intimidation, isolement, moqueries... sur scène les collégiens sont confrontés à des situations de violences psychologiques et physiques desquelles ils doivent s’extraire. “Ce n’est pas une victime, c’est TA victime”, assène un élève pour défendre un camarade supposé “fragile”.
À la fin de chaque séquence, les intervenants rappellent à chacun l’importance d’être vigilant pour mieux repérer les difficultés des victimes potentielles, mais surtout la nécessité absolue d’aller se confier à un adulte.
 

LE CYBERHARCÈLEMENT, UN PHÉNOMÈNE DEVENU VIRAL

Démultiplié par l’arrivée des réseaux sociaux, le cyberharcèlement prend souvent racine dans des groupes en ligne créés par les élèves. L’atelier se poursuit en feignant le partage massif d’une photo volée dans les vestiaires des filles après un cours de sport. À l’image, une jeune élève est dénudée. Le cliché circule et la contraint, pétrie de honte, à ne plus se rendre au collège. Un exemple devenu tristement banal que les comédiens dénoncent en invitant les jeunes à prendre conscience de la gravité des faits.
 

DES CONSÉQUENCES PARFOIS DRAMATIQUES

“Je sais que le harcèlement scolaire peut conduire au suicide. C’est très grave”, rebondit Liham, 12 ans, avec une lucidité déroutante pour son jeune âge. Dans l’assistance, certains élèves finissent par confier avoir eux-mêmes été victimes de harcèlement, au point, parfois, de vouloir “sauter du balcon”. En fin d’atelier, chacun semble avoir tiré les enseignements de cette intervention salutaire, pour ne plus jamais en arriver là.

 

L'EXPÉRIMENTATION DE LA TENUE UNIQUE COMME OUTIL DE PRÉVENTION

Renforcer le sentiment d’appartenance au collège et d’unité entre les élèves, atténuer les inégalités sociales, contribuer à prévenir le harcèlement en milieu scolaire, l’expérimentation de la tenue unique dans les collèges revêt de multiples objectifs. Elle est effective dans deux établissements depuis la rentrée 2024 : le collège Château Forbin (Marseille 11e) et le collège Mont-Sauvy (Orgon).

EN CHIFFRES

 

2300 actions éducatives dédiées à la lutte contre les discriminations et les violences en milieu scolaire depuis 2015

172 agents des collèges formés par le Département à la lutte contre le harcèlement

80 000 collégiens sensibilisés depuis 2015

18 associations missionnées en 2023/2024

93 médiateurs sociaux aux abords de 59 collèges

37 lieux refuge

1200 personnes formées et sensibilisées par la Maison départementale de lutte contre les discriminations

FORMER ET ACCOMPAGNER POUR MIEUX PROTÉGER

Formation des professionnels, sensibilisation des jeunes, déploiement de médiateurs aux abords des collèges, prise en charge des adolescents... Le Département déploie de nombreux dispositifs pour mieux lutter contre le harcèlement scolaire, à tous les niveaux.
 

DES FORMATIONS POUR DÉCONSTRUIRE LES PRÉJUGÉS

Apparence physique, genre, handicap, orientation sexuelle, dans la majorité des cas, le harcèlement scolaire est d’abord induit par un comportement discriminant à l’égard d’élèves considérés comme "différents".

Pour traiter le problème à sa racine, la Maison départementale de lutte contre les discriminations (MDLD) intervient auprès de publics divers et variés tout au long de l’année. En 2023, plus de 1 200 personnes ont d’ores et déjà été sensibilisées.

  • Les jeunes : la MDLD organise des ateliers pédagogiques pour les jeunes de 6 à 25 ans (enfants, collégiens, services civiques... ). Objectif : déconstruire les préjugés et les stéréotypes, notamment en insistant sur la douleur ressentie par les victimes et en rappelant les peines encourues et les relais associatifs.
  • Les professionnels : avec un discours adapté à chaque structure, la MDLD forme les professionnels à réagir face à des situations discriminantes et à orienter les victimes. Parmi eux, des animateurs de centres sociaux, des médiateurs sociaux, des gendarmes et des militaires encadrants.

Depuis quelques semaines, la MDLD a également engagé un travail de concertation avec la Police nationale, les associations, les collectivités et les communes pour faciliter les procédures à mettre en place en cas de discriminations.

Maison départementale de lutte contre les discriminations 67 av. de Toulon - 13006 Marseille

Contact : 04 13 31 60 00 / mdld@departement13.fr

 

172 agents des collèges formés pour la lutte contre le harcélement scolaire

Dans le cadre des actions éducatives, le Département finance plusieurs centaines d’interventions dans les collèges chaque année pour prévenir le harcèlement et les violences en milieu scolaire.

Cet engagement essentiel permet aux élèves de mieux comprendre ce phénomène et d’adopter les bons réflexes, notamment grâce à des mises en scène proposées par des compagnies de théâtre, où chacun peut se retrouver dans la peau d’une victime.

 

HARCÈLEMENT SCOLAIRE Ce qu’il faut savoir

On parle de harcèlement lorsqu’un enfant est insulté, menacé, battu, bousculé ou reçoit des messages injurieux à répétition.
 

C'EST QUOI ?

Le harcèlement se fonde généralement sur le rejet de la différence et sur la stigmatisation de certaines caractéristiques :

  • L’apparence physique (poids, taille, couleur ou type de cheveux)
  • Le sexe, l’identité de genre (garçon jugé trop efféminé, fille jugée trop masculine, sexisme), orientation sexuelle ou supposée
  • Un handicap (physique, psychique ou mental)
  • Un trouble de la communication qui affecte la parole (bégaiement/ bredouillement)
  • L’appartenance à un groupe social ou culturel particulier
  • Des centres d’intérêt différents


LES SIGNAUX QUI DOIVENT ALERTER

 Dans la plupart des cas, les jeunes victimes de harcèlement scolaire se renferment sur eux-mêmes, se sentent très seuls et sont mal dans leur peau.

  • Un enfant qui était très extraverti qui devient très introverti
  • Un enfant dont les notes chutent brutalement
  • Un enfant qui ne veut plus sortir de chez lui
  • Un enfant qui n’est plus invité aux fêtes et anniversaires
  • Des retards et des absences (phobie scolaire)
  • De l’anxiété, de la crainte
  • Une faible estime de soi
     

QUELLES SONT LES PEINES ENCOURUES ? 

Reconnu comme un délit pénal depuis 2022, le harcèlement est désormais sévèrement puni par la loi.

  • 3 ans d'emprisonnement et 45 000 € d'amende si il n'a entrainé aucune incapacité de travail ou une incapacité totale de travail inférieure ou égale à 8 jours.
  • 5 ans d'emprisonnement et 75 000 € d'amende lorsque les faits ont causé une incapacité totale de travail supérieure à 8 jours ;
  • 10 ans d'emprisonnement et 150 000 € d'amende lorsque les faits ont conduit la victime à se suicider ou à tenter de se suicider.

En cas de cyberharcèlement :

  • Si l'auteur est majeur, il risque 2 ans de prison et 30 000 € d'amende. La peine maximale peut aller jusqu'à 3 ans de prison et 45 000 € d'amende si la victime a moins de 15 ans.
  • Si l’auteur est mineur, les sanctions varient en fonction de son âge. La responsabilité civile de ses parents ou représentants légaux est alors engagée.