Dans le cadre de sa politique de soutien en faveur de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur, ce prix permet de faire connaître et partager avec le plus grand nombre la richesse et l’excellence de la recherche en Provence. Il encourage et valorise les recherches tant fondamentales qu’appliquées portant sur les questions susceptibles d’influencer l’environnement scientifique, économique, social et patrimonial et qui concourent au rayonnement et à l’attractivité de notre territoire.
Grand Prix 2016
Présentation du lauréat
Julien Favier – Mécanique des Fluides
Simulations numériques de la dynamique des structures immergées dans des écoulements de fluides avec de larges champs d’application dans les secteurs du transport, de l’énergie et de la santé.
Grâce à l'arrivée à maturité d'un certain nombre de méthodes numériques, la modélisation de configurations présentant cette richesse de comportements physiques couplés est maintenant possible, rendant ainsi envisageable la simulation numérique de problèmes considérés jusqu'à présent comme hors de portée, dont on peut retenir deux exemples représentatifs :
- La simulation numérique de l'influence d'un revêtement de paroi aéronautique directement inspiré de plumage d'oiseaux sur une aile d'avion, capable d'améliorer ses performances aérodynamiques et donc de diminuer les dépenses de carburant.
- Le développement d'outils numériques d’aide au diagnostic médical fiables dans des conditions d’écoulements biologiques se rapprochant de celles rencontrées dans le corps humain. Cette activité a été centrée jusqu'ici sur le battement ciliaire pour transporter le mucus dans les bronches humaines. Le but de cet outil est de progresser dans la compréhension de maladies respiratoires chroniques comme l'asthme sévère, la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) ou la mucoviscidose, mais trouve aussi des résonnances avec de nombreuses autres problématiques médicales dans le corps humain (battement ciliaire dans le liquide céphalo-rachidien, intestins, etc.). Cette action s’inscrit dans le cadre d’une politique de site sur Marseille favorisant le développement d’approches interdisciplinaires entre les différents secteurs de l’Université et l'AP-HM.
Présentation des nominés
Manoël PénicaudAnthropologie et étude comparative des sociétés contemporaines / Recherches autour de la problématique de l’altérité et des frontières religieuses, abordée sous l’angle de la coexistence et de l’hospitalité.
Les recherches conduites au sein de l’IDEMEC (CNRS-AMU) s’articulent autour de la problématique de l’altérité et des frontières religieuses, abordée sous l’angle de la coexistence et de l’hospitalité. Comment l’“autre religieux” est-il accueilli dans certains lieux et/ou contextes en Méditerranée ?
A l’encontre de certaines idées reçues qui érigent les systèmes religieux en blocs monolithiques et étanches, ces travaux démontrent qu’il existe encore – au niveau de la pratique religieuse et non pas des dogmes – une large palette d’interactions possibles. Sur le terrain, on constate une certaine porosité dans les comportements religieux, notamment dans l’acte du pèlerinage vers des sanctuaires fréquentés par des fidèles de religions différentes.
Cet objet de recherche a donné lieu à l’exposition “Lieux saints partagés” présentée au MuCEM en 2015. Fruit d’un processus de valorisation scientifique, cette exposition a rassemblé 121 161 visiteurs en 4 mois. A la suite de ce succès, elle a été présentée au Musée du Bardo à Tunis dès l’automne 2016, puis en 2017-2018 à Thessalonique, Istanbul, Paris, New York…
Julien Duboisset – Optique
Mise au point d’une technique d’imagerie qui permet, en plus de détecter les molécules, de déterminer leur organisation, grâce à la manière dont elles vibrent.
La composition chimique d’un échantillon ne représente qu’une partie du tableau, l’organisation des molécules en son sein recèle aussi de précieux renseignements. L’institut Fresnel a mis au point une technique d’imagerie qui permet de déterminer l’organisation des molécules, grâce à la manière dont elles vibrent. Elle cible précisément les différentes liaisons entre atomes et, dans le cadre médical, dévoile des perturbations d’origine pathologique.
La technique n’est pas destructrice pour l’échantillon et l’imagerie est instantanée, ce qui pourrait en faire un outil fiable et rapide de diagnostic. Cette méthode permet, par exemple, d’observer la désorganisation de la gaine de myéline dans les cas de scléroses ou de leucodystrophies.
Prix Spécial 2016
Présentation du lauréat
Sandrine Henri – Immunologie
Développement d’une approche innovante permettant, après microporation de la peau par un laser, de délivrer un vaccin directement sur la population de cellules dendritiques, sentinelles du système immunitaire.
Les cellules dendritiques (DCs) sont les sentinelles de notre système immunitaire. Elles ont la lourde tâche de détecter les agents pathogènes voulant pénétrer notre organisme mais aussi de donner le signal d’alarme adapté au pathogène. Ces cellules sont alors capables d’activer les lymphocytes que l’on peut considérer comme les troupes militaires de notre système immunitaire capables de débarquer sur le site d’infection et de tuer l’agent pathogène.
De par ce rôle clé dans la réponse immune, la première action d’un vaccin est de cibler les DCs afin qu’elles mettent en place une réponse immune mémoire et protectrice. La peau est notre barrière majeure contre le milieu extérieur. C’est une voie d’entrée de nombreux pathogènes.
Dans le laboratoire, l’équipe de Mme HENRI a été parmi les premières à montrer que différentes populations de DCs tapissaient la peau. En particulier, elle a découvert dans le derme une population unique qui est très faiblement représentée en nombre mais qui a un potentiel extraordinaire pour activer très spécifiquement les lymphocytes capables de tuer les agents infectieux ou les cellules cancéreuses.
Elle a prouvé que seule cette population était responsable des effets biologiques obtenus parmi lesquels la protection efficace contre le mélanome dans des protocoles à visée thérapeutique ou prophylactique. Il est à noter que cette approche innovante de vaccination visant à déposer l’antigène directement sur une population spécifique de DC du derme se pratique sans l’utilisation d’adjuvant ni aiguille.
Présentation des nominés
Olivier Groussin - Astronomie Etudes des noyaux cométaires : reconstruction tridimensionnelle de la forme de deux astéroïdes, mise en évidence de différentes morphologies qui façonnent la surface d’un noyau, étude de la composition d’un noyau.
Ces travaux au Laboratoire d’Astrophysique de Marseille s’inscrivent dans une longue tradition de recherche sur les comètes à Marseille, avec 81 comètes découvertes à Marseille de 1801 à 1919, résultat exceptionnel.
L’équipe, qui étudie les noyaux cométaires depuis plus de 30 ans, a apporté une contribution majeure à trois instruments scientifiques de la mission Rosetta de l’Agence spatiale européenne. Tout d’abord la caméra OSIRIS-NAC conçu par l’équipe qui a fourni l’essentiel des images de la comète 67P/Churyumov-Gerasimenko. Elle a aussi élaboré le concept et assuré les développements techniques de la caméra panoramique CIVA montée sur le module PHILAE qui s’est posé sur le noyau, et du détecteur/analyseur de poussières GIADA implanté sur l’orbiteur. L’équipe s’est ensuite consacrée à l’exploitation scientifique des données acquises lors des survols des astéroïdes Steins en 2008 et Lutétia en 2010 et, depuis 2014, à la campagne d’observation in-situ de la comète 67P. Elle a réalisé la reconstruction tridimensionnelle de la forme des deux astéroïdes et du noyau de la comète 67P et déterminé leur densité. Elle a également mis en évidence les différentes morphologies qui façonnent la surface du noyau et étudié les processus de leur formation et de leur évolution. Elle a enfin participé à l’étude de la composition du noyau qui permet de remonter à une époque antérieure à la formation du système solaire.
Christelle Desnues – Microbiologie, virologie
Techniques de séquençage haut débit, de bio-informatique, de biologie moléculaire et cellulaire pour étudier la composition, la diversité, la dynamique et l’évolution des communautés virales associées à un hôte humain ou animal.
En 2007, Christelle Desnues a intégré l’Unité de Recherche sur les Maladies Infectieuses et Tropicales Emergentes (URMITE, CNRS/Aix-Marseille Université) d’abord en tant que post-doctorante puis comme chargée de recherche.
Au sein de ce laboratoire, elle a participé à la découverte du premier virophage, un virus infectant un autre virus.
Actuellement, elle dirige une équipe de 7 personnes qui étudie la diversité des virus présents chez l’homme, l’animal ou dans l’environnement par séquençage haut-débit et les relie à des pathologies à l’étiologie inconnue. Son équipe a par exemple décrit la présence d’un nouveau virus géant (Marseillevirus) dans le sang de donneurs, virus qui par la suite a été associé à des cas d’adénites inexpliqués chez les nourrissons, ou encore un nouveau polyomavirus impliqué dans une maladie cutanée orpheline, la maladie de Kimura.
Année 2016
Vainqueur du Grand Prix - Julien FAVIER