Dans le cadre de sa politique de soutien en faveur de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur, ce prix permet de faire connaître et partager avec le plus grand nombre la richesse et l’excellence de la recherche en Provence. Il encourage et valorise les recherches tant fondamentales qu’appliquées portant sur les questions susceptibles d’influencer l’environnement scientifique, économique, social et patrimonial et qui concourent au rayonnement et à l’attractivité de notre territoire.
Grand Prix 2017
Présentation du lauréat
Nicolas Lévy – Génétique / Travaux dans le domaine des maladies génétiques du vieillissement : découverte du gène impliqué dans la progéria, maladie caractérisée par un vieillissement prématuré et accéléré.
En 2003, l’équipe du Pr Lévy a découvert le gène impliqué dans la Progeria, maladie rarissime caractérisée par un vieillissement prématuré et accéléré dû à la production massive d’une protéine anormale (la “progérine”) ayant des effets toxiques au niveau des cellules et des organes des patients.
Depuis cette découverte, les activités de recherche se focalisent autour du développement de nouvelles preuves d’efficacité thérapeutique sur les modèles de la maladie (les cellules des patients et des lignées de souris modifiées génétiquement afin qu’elles présentent la même pathologie), pour pouvoir les appliquer chez les patients atteints de Progeria dans le cadre d’essais cliniques. Un essai thérapeutique, utilisant deux molécules permettant de réduire la toxicité de la progérine, a été mené chez 12 patients européens, à Marseille, entre 2008 et 2013, avec des effets partiellement positifs.
L’équipe a découvert récemment deux nouvelles approches permettant cette fois de réduire les quantités de progérine. L’une utilise des vecteurs de thérapie génique pouvant potentiellement être transférée plus rapidement aux patients. L’autre, dont le transfert aux patients pourrait se faire à plus long terme, possède en contrepartie un très fort potentiel de développement industriel.
Présentation des nominés
Christophe Bernard – Neurosciences / Interfaces cerveau-machine, avec comme application à court terme une meilleure prise en charge des patients épileptiques.
De nombreuses pathologies cérébrales (épilepsie, Parkinson…) requièrent d’enregistrer et/ou de contrôler l’activité des neurones du cerveau. Les technologies actuelles sont très invasives, rigides, non compatibles avec le tissu biologique, avec des qualités d’enregistrement ou d’intervention limitées.
En collaboration avec le laboratoire de microélectronique (Ecole des Mines de Saint-Etienne à Gardanne) dirigé par le Pr Malliaras (électronique organique) et l’équipe PHYSIONET (Institut de Neurosciences des Systèmes, Inserm U1106) dirigée par Christophe Bernard (recherche en épilepsie), l’équipe de recherche a mis au point une technologie révolutionnaire, à base de microélectronique organique, qui résout tous ces problèmes. Ce projet multi et transdisciplinaire a permis la mise au point d’un transistor organique qui enregistre l’activité du cerveau avec une qualité des signaux 10 fois supérieure, et stimule l’activité des neurones de façon précise.
Il a été aussi mis au point une micropompe électronique organique qui permet de délivrer des médicaments de façon locale. Très peu invasive (20 fois plus fine qu’un cheveu) et entièrement biocompatible, elle garantit la stabilité des performances, un paramètre critique dans le cas de la stimulation profonde du cerveau (Parkinson). Cette pompe apporte une solution unique aux traitements des pathologies cérébrales. Cette technologie organique est en cours de transfert chez l’homme.
Daniel Birnbaum – Oncologie moléculaire / Définir l’origine du cancer, principalement du sein, au niveau moléculaire et cellulaire.
Les travaux de l'équipe ont pour but de définir l'origine du cancer, principalement du sein, au niveau moléculaire et cellulaire. L’équipe a identifié et caractérisé plusieurs nouvelles altérations géniques et précisé les caractéristiques des cellules souches du cancer du sein.
Ces travaux ont aussi pour but d'utiliser ces connaissances pour lutter contre cette maladie. Ils ont permis la mise en place d’une médecine personnalisée à l'hôpital en développant de nouvelles analyses et de nouveaux tests, ainsi que de nouveaux traitements.
Prix Spécial 2017
Présentation du lauréat
Florence Boulc’h – ChimieProjet interdisciplinaire sur la complémentarité de deux disciplines très distinctes, la littérature et la chimie, afin de répondre à la question de l’attribution d’un manuscrit à un atelier parisien célèbre du XVe siècle.
L’œuvre majeure de Pétrarque, De Remediis utriusque fortunae (1366), fut traduite en ancien français en 1380 par Jean Daudin sous le titre Les remèdes de l’une et l’autre fortune. Huit manuscrits de cette traduction sont connus, dont un conservé à la bibliothèque Méjanes d’Aix-en-Provence daté d’environ 1460. Ce manuscrit a soulevé de nombreuses questions. Quelle est sa place dans la tradition manuscrite? Qui était son commanditaire ? Quel est l’atelier qui a réalisé la miniature du folio 6 ?
Afin d’apporter des réponses, un projet interdisciplinaire - littérature et chimie- a été initié en 2015, associant deux enseignantes-chercheuses de l’université d’Aix-Marseille, Valérie Gontero Lauze (langue et littérature du Moyen-Age), et Florence Boulc’h (chimie des matériaux) et deux archivistes paléographes, conservatrices de bibliothèque, Sophie Astier (bibliothèques de l’Université d’Aix-Marseille) et Aurélie Bosc (bibliothèque Méjanes).
Des analyses spectroscopiques et des études codicologiques ont révélé que le blason caché derrière la peinture rouge appartenait à Tanguy IV du Châtel, serviteur de Louis XI et l’ont identifié comme commanditaire du manuscrit. Des travaux ont caractérisé très finement la palette et les techniques de l’artiste, la nature des pigments et des colorants, sa manière de marier les couleurs. Ces premiers résultats constituent une étape déterminante pour répondre à la question de l’attribution de ce manuscrit au célèbre atelier parisien du Maître François de la fin du XVe siècle.
Présentation des nominés
Mauro Modesti – Biochimie Comprendre comment les protéines de la réparation des cassures double-brin de l’ADN impliquées dans les mécanismes de recombinaison analogue et de NHEJ fonctionnent au niveau moléculaire.
Les recherches ont combiné des approches de biochimie et de biologie cellulaire afin d’étudier ces mécanismes in vitro et in cellulo. De plus, elles ont utilisé une approche biophysique en “molécule unique” pour étudier par visualisation directe le comportement de ces protéines au cours de leur interaction avec des molécules d’ADN uniques. Les cassures de la double hélice d’ADN sont particulièrement dangereuses pour les cellules. Mal réparées, elles entraînent des modifications de l’information génétique et peuvent être à l’origine de maladies comme les cancers et des immunodéficiences.
Afin de révéler les aspects transitoires et dynamiques de ces mécanismes, les travaux combinent des techniques de microfluidique et de pinces optiques permettant de manipuler des molécules d’ADN uniques, avec la microscopie à fluorescence, et d’observer en temps réel ces protéines rendues fluorescentes lors de leur interaction avec le substrat d’ADN.
Les résultats permettent de mieux comprendre les mécanismes qui conduisent à l’apparition des cancers, donc mieux les prévenir et les détecter, et d’améliorer l’efficacité des traitements anticancéreux, en empêchant les cellules tumorales attaquées par la radiothérapie ou la chimiothérapie de réparer leur ADN lorsqu’il est endommagé.
Camille Escoffier – Microbiologie
Projet novateur pour le traitement des effluents phytopharmaceutiques en agriculture afin de sensibiliser la communauté agricole à la réduction de son impact environnemental.
Soutenu par le programme européen LIFE, le projet LifePhytobarre visait à faire la démonstration d’un procédé innovant et peu coûteux -le soleil et des bactéries- pour dépolluer. En collaboration avec les établissements Barre (Lot-et-Garonne), une équipe de scientifiques du CEA à Cadarache (Bouches-du-Rhône) a démontré l’efficacité d’un système de traitement des effluents phytopharmaceutiques par des bactéries photosynthétiques sélectionnées. La preuve de concept a été réalisée au sein d’une exploitation agricole de Guyenne (Clairac 47), via un pilote composé de bassins de lagunage. La station d’expérimentation arboricole La Pugère (Bouches-du-Rhône) et le pôle Arts et Lettres de l’Université d’Aix-Marseille se sont associés au projet en installant 4 démonstrateurs sur des exploitations dans la région PACA pour sensibiliser la communauté agricole à son utilisation.
L’originalité de cette démarche tient dans la complémentarité des différentes approches proposées. La première, pour démontrer l’efficacité et la facilité d’utilisation du dispositif, était biotechnologique et analytique. Les deux autres approches, sociologie et communication, avec une étude de l’acceptabilité sociétale, visent une sensibilisation à l’impact environnemental de l’utilisation de pesticides et l’implantation de nouveaux usages dans les communautés agricoles.
Prix Jeune Chercheur 2017
Présentation du lauréat
David Grojo – PhotoniqueNouvelles perspectives dans la fabrication et l’évaluation non-destructive des technologies silicium avec l’émergence de lasers infrarouges intenses.
Les lasers capables de délivrer des impulsions ultra courtes, de l’ordre de quelques millionièmes de milliardième de seconde, sont à l’origine d’avancées récentes remarquables dans les sciences et technologies. Ces lasers permettent non seulement de “photographier” les processus physiques les plus rapides de la nature, mais aussi de modifier avec une précision extrême tous types de matériaux, en vue d’applications liées à la chirurgie et aux nano/microprocédés.
Jusqu’à présent, ces applications restaient limitées aux matériaux transparents. L’objectif de ces recherches est de les rendre possibles dans de nouveaux matériaux incluant notamment le silicium, matériau de base pour les micro-technologies. En exposant la matière à des conditions laser infrarouge extrêmes, l’équipe a prouvé en 2016 que l’indice optique du silicium peut être modifié localement avec un contrôle à trois dimensions (3D) dans la matière. Cette nouvelle modalité de conception pourrait accélérer l’innovation dans le domaine de la photonique intégrée sur silicium qui est considérée comme une technologie d’avenir critique pour les applications de communications et de calculs à très haute vitesse. Ces innovations matérielles pourraient à terme conduire à des machines connectées capables de réagir en temps réel et répondre aux futures applications numériques les plus innovantes de notre vie quotidienne.
Présentation des nominés
Sophie Gebeil – Histoire, humanités numériquesTravaux à partir d’un doctorat “La fabrique numérique des mémoires de l’immigration maghrébine sur le WEB français” (2015)
Il s’agit de la première thèse d’histoire en France fondée sur un corpus de sources principalement issues des archives du Web, de la Bibliothèque nationale de France et de l’Institut national de l’audiovisuel. Cette recherche est au croisement de plusieurs champs historiographiques (histoire des migrations, des médias, des mémoires) et se caractérise par une ouverture interdisciplinaire vers les Sciences de l’Information et de la Communication. L’étude est fondée sur treize dispositifs en ligne archivés au titre du dépôt légal du Web à partir desquels Sophie Gebeil a construit une méthodologie sociale et qualitative visant à interroger les modalités selon lesquelles ces mémoires stigmatisées étaient mises en visibilité sur la toile durant les années 2000. Elle montre la reconfiguration des mémoires de l’immigration maghrébine sur le Web durant la décennie, tant du point de vue de la scénographie que des interprétations du passé. D’une part, les acteurs mémoriels s’approprient progressivement les outils de publication en ligne pour construire des dispositifs de plus en plus pensés pour le Web : hypermédias, connectés aux réseaux socio-numériques et favorisant la participation des internautes. D’autre part, le croisement des temporalités met en exergue les reconfigurations et les résurgences à l’œuvre de 1999 à 2014 en articulant le temps court des commémorations, le temps de la décennie et le temps plus long de la médiatisation des mémoires de l’immigration maghrébine en France depuis la deuxième moitié du XXe siècle.
Eddy Pasquier – Oncologie
Nouvelle approche qui consiste à tester, dans une nouvelle indication thérapeutique, des médicaments dont la toxicité et le profil pharmacocinétique sont déjà connus.
La découverte d’un nouveau médicament est un processus long. En revanche, trouver de nouvelles applications à des médicaments existants comporte plusieurs avantages. Le premier est de tester des molécules dont les profils de toxicité et d’effets secondaires ont déjà été établis, permettant un transfert rapide des résultats vers les patients et une réduction considérable du temps et du coût de développement.
L’autre avantage est d’utiliser des molécules disponibles sous forme générique permettant de réduire les dépenses de santé tout en mettant au point des traitements à faible coût potentiellement applicable partout dans le monde.
Pour ces raisons, le repositionnement de médicaments est une stratégie très prometteuse pour améliorer les traitements contre le cancer. L’équipe avait déjà démontré que le propranolol, un bétabloquant utilisé pour traiter l’hypertension artérielle depuis plus de 30 ans, pouvaient augmenter l’efficacité de certains agents de chimiothérapie contre plusieurs types de cancers réfractaires.
Les retombées positives de ce premier projet ont amené à développer une stratégie plus globale : l’utilisation de plateformes robotisées permettant de tester en un temps record une grande partie des médicaments utilisés actuellement dans le monde. C’est ce que l’on appelle le repositionnement nouvelle génération. A ce jour, l’équipe a ainsi identifié une quinzaine de médicaments capables d’augmenter l’efficacité des traitements de référence contre le glioblastome, une tumeur incurable du cerveau.
Ces résultats suscitent un immense espoir pour la mise en place rapide d’essais cliniques chez ces patients.