Le Prix Départemental pour la Recherche en Provence a pour objectifs :
- D'affirmer le Conseil Départemental comme un soutien important de la recherche en Provence
- De favoriser le partage des avancées scientifiques locales auprès du grand public
- De mettre à l’honneur la communauté de recherche scientifique
- De valoriser la recherche à l’échelle locale
- De récompenser les talents scientifiques de notre département
- De fédérer les scientifiques des Bouches-du-Rhône
- De favoriser l’échange au sein de la communauté scientifique
Pour l’édition 2019, 43 dossiers de candidatures ont été déposés dans lesquels les candidats ont exposé un résumé de leurs travaux et leurs motivations.
La sélection des lauréats a été réalisée par un jury de 14 personnes présidé par Véronique MIQUELLY, Conseillère départementale, Déléguée à l’enseignement supérieur et à la recherche, et composé des principaux acteurs de la recherche présents sur le territoire (Université, CNRS, INSERM, IRD, IEP, CEA, DRRT…) et qui s’est réuni à l’Hôtel du Département le 2 octobre 2019. Le choix des lauréats s’est appuyé sur des critères tels que le caractère novateur des recherches, la notoriété scientifique, l’intérêt sociétal et économique et la qualité de la vulgarisation.
Au terme des débats, le choix s’est porté sur neuf « nominés ».
Trois dans chaque catégorie, soit :
- Grand Prix (récompense des travaux remarquables),
- Jeune Chercheur (chercheur de moins de 40 ans) et
- Prix Spécial (coup de cœur du jury).
Le jeudi 7 novembre 2019 s’est tenue une cérémonie de remise des Prix dévoilant les vainqueurs dans chaque catégorie.
Le Grand Prix est remis à M. Thierry DUTOIT, Institut Méditerranéen de Biodiversité et Ecologie – CNRS, pour ses travaux sur la restauration écologique,
Le Prix Jeune Chercheur est remis à Mme Laure CIESLA, Laboratoire d’Astrophysique de Marseille – Aix-Marseille Université / CNRS / CNES, pour ses études sur les galaxies,
Le Prix Spécial est remis à M. Sylvain BRETECHÉ, Laboratoire PRISM – Aix Marseille Université / CNRS, pour ses recherches sur l’expérience musicale sourde.
Nous les félicitons !
Cette cérémonie était précédée par une conférence-débat animée par le Professeur Jean-Jacques TEMPRADO de l’Institut de Sciences du Mouvement sur le thème « Le Sport, c’est la santé ? Le regard des Sciences du Mouvement Humain ».
Les récompenses, un « Grand Prix » d’un montant de 5 000 €, un « Prix Jeune Chercheur » d’un montant de 3 000 € et un « Prix Spécial du Jury » d’un montant de 2 000 €, prennent la forme d’une aide aux structures auxquels sont rattachés les chercheurs ou équipes
Grand Prix 2019
Présentation du lauréat
Thierry Dutoit - Restauration écologique / approche bio-inspirée (solutions fondées sur la nature).
Face aux dégradations de l’environnement induites par l’Homme, l’écologie de la restauration des écosystèmes est une discipline scientifique en plein essor. Pour rendre les résultats de ces recherches opérationnelles, se développent donc aujourd’hui de véritables approches bio-inspirées (solutions fondées sur la nature) basées sur l’utilisation d’espèces ayant des rôles majeurs dans le fonctionnement des écosystèmes. C’est notamment le cas des fourmis.
L’objectif était de mesurer les impacts de la réimplantation de fourmis pour faciliter la restauration de la végétation et du sol à partir d’un cas concret de réhabilitation d’un site impacté par une fuite d’hydrocarbures accidentelle survenue le 7 août 2009 dans la plaine de Crau.
Ces travaux ont permis de démontrer, pour la première fois au monde, que l’on pouvait utiliser des fourmis pour accélérer la restauration du sol et la végétation de pelouses méditerranéennes suite à un accident industriel dans un cas très concret étudié dans le département des Bouches-du-Rhône.
Présentation des nominés
Jean-Luc Boudenne - Molécules organiques (chlore)
Le chlore demeure le désinfectant chimique le plus utilisé pour lutter contre la présence de micro-organismes pathogènes dans l'eau mais également dans les aliments.
Il est utilisé pour le traitement des eaux potables, l'épuration des eaux usées, la lutte contre la formation de biofilms dans les canalisations industrielles, la limitation de la propagation de microorganismes dans les eaux de ballast, la désinfection des eaux de baignade, le nettoyage de denrées alimentaires, ...
La problématique de l'utilisation de ce composé chimique est sa réactivité avec les nombreuses molécules organiques présentes dans les milieux à traiter (qu'elles soient naturelles ou anthropiques) et la formation de sous-produits dont la nature, la toxicité et les niveaux de concentration sont encore majoritairement non connus à ce jour. L’équipe de recherche oriente ses travaux afin de répondre à ces interrogations : identification des molécules générées dans différents milieux (Golfe industriel de Fos, piscines, centres de thalassothérapie, ...), détermination des concentrations (dans l'eau, l'air, les sédiments, les oursins, les poissons, les moules), étude des mécanismes aboutissant à leur formation, étude de la toxicité sanitaire et environnementale de ces molécules.
François Bertucci - Cancer du sein
L’activité de Recherche de Transfert porte depuis des années sur la caractérisation moléculaire génomique de formes graves du cancer du sein à la recherche de nouvelles cibles pronostiques et/ou thérapeutiques.
Même s’il reste énormément de chemin à parcourir, ces études trouvent une certaine forme d’aboutissement dans la publication le 23 mai 2019 d’un article dans la prestigieuse revue “Nature”, qui établit pour la première fois le répertoire des anomalies moléculaires des cancers du sein métastatique.
Le portrait génomique du cancer du sein métastatique est plus complexe que celui du cancer du sein non métastatique et s’enrichit en altérations génomiques cliniquement pertinentes dont certaines sont ciblables par des médicaments existants ou à venir. L’identification de ces altérations de mauvais pronostic permettra une meilleure sélection des patientes candidates à des traitements en essais cliniques.
Cette étude est totalement novatrice car elle représente la première série de cancers métastatiques rapportée dans la littérature internationale. Surtout, elle ouvre la voie à l’évaluation de nouvelles thérapies ciblées dans cette forme incurable de la maladie.
Prix Spécial 2019
Présentation du lauréat
Sylvain Brétéché - Expérience musicale sourde
Inscrits dans une démarche musicologique profondément ancrée dans une posture interdisciplinaire, ces travaux visent à la fois la production d’observations théoriques et le développement d’applications pratiques.
Prenant pour objet d’étude l’expérience musicale sourde, qui désigne l’ensemble des relations que les sourds entretiennent avec la musique (modalités d’écoute, pratiques musiciennes et représentations), ces travaux ambitionnent de croiser des postures et des méthodes de recherche relevant tant des sciences fondamentales que de l’ingénierie et de la recherche-création, et se positionnent en ce sens à l’intersection des sciences, des arts et des techniques.
Ils s’appuient sur la mise en place d’une triple investigation :
- explorer les perceptions et les représentations sourdes de la musique ;
- étudier les pratiques musicales et artistiques des sourds, et plus particulièrement les productions musicales en Langues des Signes ;
- développer une interface de création musicale à destination des sourds, s’appuyant sur un dispositif technique de production multimodale et inter sensorielle (image-son) en temps réel.
La pertinence scientifique et le caractère innovant de ces travaux sur l’expérience musicale sourde reposent autant sur l’originalité de cet objet d’étude que sur l’articulation entre théories, techniques et pratiques et sur la complémentarité de leurs orientations disciplinaires.
Présentation des nominés
Catherine Lefay - Activité antibactérienne / Résistance aux antibiotiques
Le développement de bactéries multi-résistantes aux antibiotiques est responsable de plusieurs milliers de décès par an (ex : maladies nosocomiales dans le domaine hospitalier).
Les matériaux organiques appelés polymères, ou plus communément “plastiques”, font partie intégrante de la vie quotidienne (construction, vêtements, revêtements, emballage, peinture, etc.)
Intrinsèquement antibactériens, ils seraient donc une solution de choix pour prévenir les infections, que ce soit dans les lieux publiques ou au niveau domestique.
Dans cette optique, l’équipe de Catherine Lefay a développé une méthode pour conférer une activité antibactérienne à de nombreuses familles de polymère, sans utiliser d’antibiotique ou de composé biocide, mais en y insérant des copolymères, ou macromolécules synthétiques antibactériennes, au sein de matrices de polymère.
Avec moins de 2 % en poids d’additifs dans les plastiques, ceux-ci deviennent antibactériens avec une efficacité sur les bactéries Gram+, Gram- et les bactéries multi-résistantes. En particulier, un film de polyéthylène classiquement utilisé dans l’industrie alimentaire est ainsi devenu antibactérien, c’est à dire qu’il inhibe la croissance des bactéries de type Listeria et de E. Coli Enterohemorrhagique (responsable de la maladie du Burger).
Ces résultats ont fait l’objet d’un dépôt de brevet par la SATT sud-est.
Iolande Viricel, Laboratoire de droit privé et sciences criminelles
La publication de l’ouvrage “Véhicule autonome : qui est responsable ?” aux éditions LexisNexis met en lumière les évolutions juridiques qui pourraient accompagner les évolutions technologiques nécessaires au déploiement des “véhicules autonomes”. En France, les premiers jalons du cadre des expérimentations ont été posés avec la loi n°2015-992 de transition énergétique du 17 août 2015 et complété très récemment par l'article 125 de la loi n°2019-486 du 22 mai 2019 relative à la croissance et la transformation des entreprises, dite PACTE, sur les expérimentations de véhicules autonomes, créant une nouvelle infraction pénale imputable au titulaire de l’autorisation d’expérimentation. Les expérimentations posent donc la question de la compatibilité du cadre légal avec le déploiement des “véhicules autonomes”. En cas d’accident sur le sol français, qui indemnisera la victime ? Qui sera responsable pénalement des infractions commises ? L’ouvrage dresse un bilan sur l’adéquation ou non des régimes de responsabilité actuels avec le déploiement des “véhicules autonomes” et propose une jurisprudence exhaustive et des schémas synthétiques pour visualiser les faits générateurs de responsabilité et anticiper les recours possibles.
Des propositions de réforme complètent le propos lorsqu’il apparaît que le cadre légal nécessite une évolution pour être en adéquation avec le déploiement de tels véhicules.
Une formation innovante, “Aspects juridiques des véhicules autonomes”, qui a accueilli sa première promotion en octobre 2019, délivre un socle de connaissances pour le traitement des dossiers mettant en cause un véhicule autonome. Ce Certificat d’études supérieures universitaire répond à l’émergence de nouveaux secteurs et à l’obligation de formation continue des avocats.
Prix Jeune Chercheur 2019
Présentation du lauréat
Laure Ciesla - Astrophysique / étude des galaxies.
Les galaxies sont des systèmes constitués de gaz et de poussière qui forment des étoiles. Comme les systèmes vivants, les galaxies naissent, vivent, puis meurent. L’identification des mécanismes entrainant leur mort, c’est-à-dire l’arrêt de formation de nouvelles étoiles, sont au cœur de cette recherche. Ils peuvent être liés à un manque d’apport en gaz ou encore à l’activité violente d’un trou noir supermassif, par exemple. Pour pouvoir déterminer les coupables, il faut pouvoir observer directement une galaxie en train de mourir. Cela représente un vrai challenge, car tout peut se jouer sur quelques centaines de millions d’années à peine. Pour pouvoir identifier ces phénomènes très courts à l’échelle de l’univers, il faut observer beaucoup de galaxies et donc avoir une méthode rapide et efficace pour aller chercher directement l’aiguille dans la botte de foin, c’est-à-dire la galaxie en train de mourir. Pour cela il faut étudier la lumière que nous envoient les étoiles qui composent les galaxies.
Présentation des nominés
Jérôme Laurin - Accident Vasculaire Cérébral
Les déficits moteurs et cognitifs induits par un accident vasculaire cérébral ischémique (AVC) pourraient être fortement réduits en combinant l’exercice physique avec un traitement pharmacologique délivré directement dans la zone lésée à partir d’un hydrogel injectable. Les objectifs de ces travaux sont, d’une part, de déterminer l’efficacité de l’injection d’un hydrogel dans le cerveau, contenant du riluzole ou de la bumétanide, au cours des premières semaines et, d’autre part, de renforcer ses effets thérapeutiques avec ceux d’un entraînement d’endurance intense.
L’exercice de type fractionné de haute intensité relative semble être le plus approprié, renforçant ainsi son intérêt clinique. Les mécanismes de plasticité musculaire et cérébrale en attestent car ils indiquent que cet entrainement favorise davantage l’activité synaptique et la survie neuronale. La faisabilité de l’injection de l’hydrogel dans la zone lésée ainsi que sa non-toxicité sont démontrées in vitro et de manière comportementale chez le rat. Il reste maintenant à valider son efficacité après une ischémie cérébrale.
Ces premiers résultats (exercice et hydrogel) sont très encourageants pour la prise en charge des patients AVC. L’originalité de ce travail réside dans l’association entre biologistes et chimistes offrant la possibilité d’obtenir une vision plus complète des effets des traitements sur le long terme.
Thomas Marissal - Schizophrénie
La schizophrénie est une maladie neuropsychiatrique qui touche environ 1 % de la population. Cette pathologie se manifeste par des altérations cognitives (par exemple, des troubles de la mémoire ou de la planification des actions), par le gain de comportements pathologiques (symptômes dits “positifs” tels que des hallucinations, une agitation extrême, etc.) ainsi que par la perte de comportements normaux (syndromes dits “négatifs ” tels qu’un isolement social, des déficits de concentration, etc.).
Aujourd’hui, les traitements, insuffisants, ne fonctionnent que chez deux tiers des patients et n’atténuent qu’une partie des symptômes. En outre, les traitements sont accompagnés d’effets secondaires parfois dangereux.
Le but de cette recherche est de déchiffrer les mécanismes de la schizophrénie afin de développer de nouvelles thérapies. Les travaux ont permis d’identifier un mécanisme impliqué dans la pathologie de la schizophrénie. En ciblant ce mécanisme déficient, ils démontrent que, bien que la schizophrénie soit une maladie d’origine développementale, il est possible de rétablir les défauts fonctionnels à n’importe quel stade de la vie.