Conseil départemental des Bouches-du-Rhône

Les fous du volant

Ils ont 18 et 22 ans et sont déjà des champions de leur discipline. Christo et Toma junior Popov sont frères de sang… mais pas que. Sous la houlette de leur père, ancien champion de Bulgarie, ils commencent à tutoyer les sommets du badminton avec comme objectif les Jeux Olympiques en France. Le problème, c’est qu’il n’y a qu’une place pour deux…

En 2003, Toma Popov, membre de l’équipe nationale bulgare arrive de Sofia et pose ses valises à Fos-sur- Mer. Son objectif : participer à l’éclosion en France de ce sport encore confidentiel à l’époque. Près de 20 ans plus tard, il a réussi son pari. Dans un premier temps, il a entraîné les joueurs de haut niveau. Mais surtout ses deux fils sont aujourd’hui membres de l’équipe de France senior et ont glané quelques titres nationaux et internationaux dans la discipline. Et leur avenir dans ce sport est tout tracé. “Si nous arrivons à avoir le même parcours que notre père, c’est déjà une victoire”, avance l’aîné, Toma Junior, du haut de ses vingt-deux ans et un mètre quatre-vingt-seize. Celui qui a déjà été triple champion européen (U19) a creusé le sillon de la victoire à son cadet, Christo, qui à 18 ans est champion de France senior.

“NOTRE VIE SOCIALE, C’EST LE MONDE”

Trois fois par jour, ils prennent le chemin du gymnase de la ville de Fos-sur-Mer pour s’entraîner et répéter inlassablement les gestes techniques que leur distille leur père, entraîneur et team manager. Ici, tout se fait en famille. Même leur mère est devenue juge-arbitre. Une manière pour eux de renforcer les liens indispensables à leur réussite. Car les frères Popov, c’est aussi une équipe : un kiné, un préparateur physique, un ostéopathe, une secrétaire, il y a comme une atmosphère d’équilibre et de plénitude qui entoure les deux champions. Sans doute un cocktail nécessaire quand on passe une partie de sa vie à l’étranger. “La plupart des tournois se tiennent en Asie, avance Christo. Alors notre vie sociale, se déroule en partie ici mais aussi à travers le monde”.

“ON NE FERAIT RIEN SANS LES AIDES”

S’ils arpentent plus les salles de sport que les salles de classe par manque de temps, Toma Junior et Christo n’en n’ont pourtant pas délaissé les études. Pour l’un, c’est une licence Staps* éducation sportive par correspondance. Pour l’autre, c’est une terminale passée en deux ans et une orientation vers une licence informatique. “Sans les aides comme la bourse départementale pour les sportifs de haut niveau, il ne serait pas possible de continuer, témoigne le père. Il y a les déplacements, les entraînements et tous les frais inhérents à la pratique. Par exemple, une boîte de douze volants coûte trente euros. C’est ce qu’on utilise pour un seul set. Tout seuls, on ne pourrait pas s’en sortir”.

OBJECTIF : JO 2024

Des aides qui leur permettent d’envisager l’avenir à long terme. Avec bien entendu comme objectif affirmé les JO 2024. “C’est un rêve, répondent à l’unisson les deux badistes. La première étape reste ceux de 2021. Mais la finalité c’est dans quatre ans. On s’entraîne tous les jours pour ça”. Même si la cruauté de ce sport risque d’en laisser un aux vestiaires. Car en fonction des quotas, la France pourrait ne qualifier qu’un seul joueur en simple. Une éventualité qui n’altère en rien leur motivation et n’ébranle pas leurs certitudes. Ils le savent, l’essentiel est de poursuivre le rêve du père. Du moment qu’un Popov est au sommet, l’héritage est assuré.

Le "BAD" dans le département

S’il était confidentiel il y a quelques années, le badminton est aujourd’hui devenu un sport en plein développement. Pour accompagner cette progression, le Département a soutenu la discipline à hauteur de 73 550 euros en 2020. Aujourd’hui, deux équipes évoluent dans le Top 12 : le badminton Club de Fos-sur-Mer et l’AUC badminton d’Aixen- Provence. Au total, 39 clubs des Bouches-du-Rhône sont affiliés à la Fédération française de badminton, soit plus de 4 200 licenciés.

BOURSE DÉPARTEMENTALE DE HAUT NIVEAU, MODE D’EMPLOI

Il est difficile d’être un sportif de haut niveau et d’assurer économiquement son quotidien. Pour soutenir les champions d’aujourd’hui (et de demain), le Département a mis en place une bourse délivrée aux athlètes domiciliés et licenciés dans les Bouches-du-Rhône, et inscrits sur les listes ministérielles de haut niveau, en catégorie élite, senior ou relève. Le montant qui varie de 500 à 3 000 euros par an, est modulé en fonction de la situation sociale et financière de l’athlète. En 2020, 86 athlètes ont bénéficié de ce soutien pour un montant total de 153 500 euros. Dans le cadre du Plan HandiProvence et du développement de la pratique du sport sur le territoire, les athlètes handisports perçoivent une bourse d’un montant fixe de 3 000 euros.