Niché au coeur de la Camargue juste en face du Château d’Avignon, le Mas de la Cure est aujourd’hui un sanctuaire de la race du cheval camarguais. Étendu sur 283 hectares, il est le témoin d’un passé toujours présent.
Décidément, Louis Noilly-Prat aura marqué son temps dans le paysage camarguais. À la fin du 19e siècle, ce célèbre négociant en vin connu pour son vermouth achète notamment le château d’Avignon, situé entre Arles et les Saintes-Maries-de-la-Mer*. Dans le même temps, il acquiert le Mas de la Cure juste en face. Il en fera une propriété viticole où travaillaient plus d’une centaine d’ouvriers, venus de toute l’Europe. Une tour de Babel en plein coeur des marais.
Un véritable village
Car à l’époque, la Camargue est l'un des seuls territoires à résister à la crise du phylloxéra, ce terrible insecte qui décima les vignes dans la France entière. Grâce à un système d’irrigation inondant les vignes pendant 40 jours en hiver, la préservation du trésor viticole va permettre de produire beaucoup de vin. Et le Mas de la Cure va devenir un village avec une chapelle, une boulangerie, une forge, une bergerie, un réfectoire, et des logements pour les travailleurs.
Du vin au riz
Pourtant, au sortir de la Première Guerre mondiale, le vin ne fait plus recette et les propriétaires se tournent vers d’autres cultures comme le riz ou les asperges, bénéficiant d’un système d’irrigation exceptionnel. Le domaine, lui, passe de mains en mains, pour être finalement récupéré par la famille Pastré qui va l’exploiter jusqu’en 1985. Entre-temps, pendant la Seconde Guerre mondiale, les Allemands y ont logé leurs troupes, craignant un débarquement en Camargue. Mines, barbelés, blockhaus y seront installés afin de se prémunir d’une attaque… qui ne viendra jamais !
Sauvé par des passionnés
Vendu en 1985 au Conservatoire du littoral, le Mas de la Cure va trouver sa véritable vocation en 2002. Une bande de passionnés, réunis au sein de l’association “La maison du cheval de Camargue”, va prendre les rênes de la propriété et faire de ce lieu le sanctuaire de la tradition équestre. Rénovation des bâtiments, création d’un manège, acquisition d’une trentaine de chevaux, accueil progressif du public, le projet prend vie.
L’équithérapie et le pouvoir d’aider
En plus des nombreux scolaires présents toute l’année, le Mas de la Cure accueille régulièrement des personnes handicapées dans le cadre d’une éducation par l’équithérapie. Accompagnement et douceur, visiblement le cheval camarguais est aussi à l’aise face à un taureau que face à l’Homme. Sa vie en liberté toute l’année lui a sans doute forgé un caractère pour s’adapter à toutes les situations. Dans ce havre de paix où se côtoient chevaux, hérons, cigognes, canards, aigles, tortues d’eau douce et autres chauves-souris, le temps galope mais il trotte toujours dans l’air comme un sentiment de gardian du temple.
Le cheval de Camargue, bien dans sa tête !
Décidément, le cheval de Camargue n’est pas comme les autres. Froid dans sa tête, il sait réagir face à un taureau pour le guider dans un pré. Mais surtout, il aime sa liberté ! Il vit toute l’année dehors, par tous les temps, loin des box étriqués et des manèges enchantés. Un arrêté ministériel du 17 mars 1978 lui a même attribué une définition de race, avec des critères précis. Le voilà encadré par la loi. Aujourd’hui, il est essentiellement utilisé par les éleveurs, dans le travail des taureaux ou dans les concours. Mais son attribut le plus significatif est sa capacité de reproduction en liberté. On le dit même le plus prolifique de France... si on le laisse tranquille. Bref, il n’en fait qu’à sa tête !
Bientôt un musée du cheval en Camargue
Si le grand public n’est pour l’instant accueilli que deux demi-journées par semaine, il pourra bientôt venir visiter le musée du cheval. C’est le dernier projet de l’association “La maison du cheval de Camargue”, qui verra le jour d’ici 2 à 3 ans, à l’entrée de la propriété. L’occasion de retrouver l’histoire du cheval dans la plus pure tradition camarguaise, le travail des gardians et la vie au quotidien. Une plongée dans l’histoire et dans le présent.
Olivier Gaillard
Contact Mas de la Cure : 04 90 97 76 37
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