VOIR SAINT-SER, DÉCOUVRIR BAUDINO
Sous la silhouette-muraille que forme plein sud la longue masse de la Sainte-Victoire, une route longiligne glisse, paisible, de Puyloubier jusqu’à Saint-Antoninsur-Bayon. Au-dessus, la montagne verticale a enfanté, en s’effritant, de longs pans inclinés arborés. Ces toboggans pierreux prolongeant les parois rocheuses sont striés de malins ravinements atteignant parfois la taille de vallons. Le sentier nous permettant d’atteindre la première étape de cette randonnée à rebonds, on le découvre, sur la droite en venant de Puyloubier, au-dessus d’un parking aménagé de grands panneaux affichant plans et recommandations à l’attention du promeneur.
Quelques dizaines de mètres et l’itinéraire, légère montée entre une aire de parapente et le Relais de Saint-Ser, s’enfonce vite dans la pente feuillue. Au départ, une piste, suivie bientôt d’agréables couloirs de verdure comme on en rencontrera beaucoup durant l’ascension ! Depuis le grand incendie qui ravagea ce merveilleux site, la végétation s’est en effet incroyablement battue pour réoccuper le territoire. Elle l’a fait rageusement, avec son arme : la régénérescence.
De ce combat naturel, le chêne est sorti grand vainqueur. On en voit partout des jeunes d’un vert clair à boire les rayons du soleil, dansant sous le vent la farandole autour de vieux troncs calcinés. Et bientôt le premier objectif : le fameux ermitage Saint-Ser. Juste une précision : ne jamais perdre de vue le sentier tracé de rouge, à main gauche.
NICHÉ DANS LA PIERRE...
Saint-Ser à Baudino
Derniers virages pentus... Une vague silhouette marbrée attire là-haut l’attention. L’ermitage va se dévoiler tout entier. On en aperçoit les abords, le mur d’enceinte et de soutènement. Chaque pas conduit vers une large porte ouverte sur un superbe petit domaine niché dans la massive pierre, cœur immobile de la montagne. Nous y sommes...
Une grotte puis, au-dessus, la chapelle aux ermites, l’édifice roi dont on chante encore la légende. D’où nous vient en effet ce lieu à part du monde ? Véritable sanctuaire, d’ailleurs consacré en l’an 1001 par Amalric, évêque d’Aix, la chapelle avait été édifiée sur les lieux où Saint-Servir, un ex-légionnaire du nom de Servius, fut massacré sur ordre du roi Wisigoth Euric. Fréquenté par de nombreux pénitents au cours des siècles, l’édifice subit de graves dommages, dont le dernier dû à un éboulement, remonte à 1993. Décidée par la municipalité de Puyloubier avec l’aide du Conseil Général, sa reconstruction s’est achevée en 2001.
AU BOUT D’UN COURT TUNNEL...
Ici, sur la vaste terrasse en surplomb chatouillée par les rayons du soleil, la halte est délicieuse. Mais la balade n’est pas terminée. Elle va rebondir vers une autre bâtisse généreuse et, pour ce faire, il faut redescendre, repasser la porte de pierre et prendre à main droite par un étroit itinéraire tracé de rouge pourpre. Direction le refuge Baudino ! Sérieuse affaire !
Le sentier monte et redescend dans chacun des fameux vallons. Puis il s’agrippe au contrefort de la montagne et va s’attaquer à un raidillon qui permet de rallier le nid d’aigle. Un dernier éboulis, amas de gros blocs éclatés et, en suivant bien les traces pourpres, un petit passage en tunnel... On prend alors pied sur un véritable jardin suspendu à près de 800 mètres d’altitude. Il y a là un petit édifice dont on ne saurait jamais assez répéter qu’il est impératif de le respecter... Il fut en effet construit après la mort du jeune Barthélemy Baudino, victime d’un accident fatal à vingt ans, dans l’ascension du Baou des Vespres. Le carnet du jeune homme mentionnait une dernière halte en ces lieux....
PAR LA MARBRIÈRE...
Pour la dernière étape, celle vers Saint-Antonin, le sentier repart vers la droite lorsqu’on se trouve le dos à la porte du refuge. Sacré sentier lui aussi...
Il dévale, se creuse dans les vallons, semble offrir à main gauche des retours plus radicaux. Mais non, il faut rester sur la trace. Descendre ! Vallons toujours... Couloirs de verdure à nouveau... Puis remonter et remonter encore jusqu’à frôler de nouveau la falaise. Enfin, Saint-Antonin en point de mire ! On le rejoint en passant par la marbrière, une antique carrière d’où l’on extrayait d’énormes blocs lancés dans la pente et taillés au bas, là où la montagne s’adoucit alors que le charmant village accueille le promeneur rassasié de tant de merveilles.
Comment y aller
Il est conseillé d’utiliser deux véhicules, l’un basé à Saint-Antonin et l’autre au point de départ, vers Puyloubier. Tenant compte des haltes, la durée totale peut avoisiner les six heures.
Difficulté : parfois 4 sur une échelle de 5.