Entre Calas et la gare TGV de l'Arbois
Voilà un plan d'eau à part. Pratique et magique... Niché dans le tombant des collines. On le découvre en surplomb par un joli petit sentier, court mais percutant, fait de contraste. Des canards en contrebas, de la roche en haut, de la garrigue partout...
C'est un endroit curieux, poétique, criant de mille reflets sa particularité et, surtout, résistant fermement aux petits tracas de la modernité grâce à la complicité rebelle des canards qui l”˜habitent. Entre Calas (commune pendulaire de Cabriès) et la gare TGV de l'Arbois, le grand bassin du Réaltor, retenue historique du canal de Marseille, offre aux visiteurs le contraste saisissant d'une sauvagerie iconoclaste confrontée aux grands axes de circulation, routière et ferroviaire, qui se sont développés dans son voisinage. Il y a, autour de ce plan d'eau pittoresque, des berges vertes et marécageuses qu'il ne faut approcher. Mais il existe pourtant une petite promenade permettant de surplomber le Réaltor. Elle passe par une belle et luxuriante forêt, frôle les installations de délestage des eaux qui filent par un superbe val vers le hameau de La Mérindole, et s'en vient, au-dessus du lac, danser sur le tombant des collines, entre crêtes et replats. Allons-y...
Vers La Mérindole, un petit pont...
Pour arriver au début de cette somptueuse balade, il aura nécessairement fallu emprunter le grand rond-point de Lagremeuse, au carrefour des Milles, de Calas et de la route d'Eguilles, et s'avancer vers la gare TGV de l'Arbois. Après ? Eh bien c'est à droite, un peu avant les installations ferroviaires, vers le hameau charmant de La Mérindole. Au bout du val, cet assemblage brinquebalant
de vieilles bâtisses mérite d'ailleurs le détour en voiture. On y franchit un petit pont au-dessus d'eaux chantantes, pour y voir d'un coup d'oeil circulaire de vieilles maisons paysannes apaisées. Mais le début de la promenade pédestre est en amont. Après avoir quitté la grande route de la gare et dépassé les installations de TDF puis du canal, il y a en contrebas les vestiges en ciment d'un bassin de décantation. Peu avant, à main droite, démarre une piste DFCI que l'on distingue facilement grâce à sa barrière située un peu plus haut que des plots côtoyant un petit pont enjambant un mini cours d'eau. C'est donc là et nous voilà partis !
De longs bras noueux accrochés au bleu du ciel...
Un départ verdoyant, tout de suite en forêt sombre et dense, un bout de tropicale atypique ; en Provence on peut s'attendre à tout... Fougères, grands chênes, peupliers, platanes serrés comme des anchois... Et puis des chants d'oiseaux tombés des frondaisons. Un moment de pur plaisir et naturellement de détente. Dans ce coin préservé, la nature danse. Ici des joncs, là une marre langoureuse non loin d'un platane vénérable aux longs bras noueux accrochés au bleu du ciel...
Et voilà que soudainement la forêt s'éclaircit. Le chemin rejoint alors la garrigue, classique et sèche. Il y a néanmoins un gué cimenté où l'eau franchit allègrement la route pour s'en aller en cascades mouiller le val. Après ? Le chemin gravit un flanc de colline au sommet duquel il va falloir basculer à main droite sur une piste qui borde un long champ coiffé d'herbes folles. Au bout, il y a une petite construction que contourne ce qui est désormais devenu un sentier. On aperçoit déjà, à main droite, les installations du grand bassin. Le sentier permet d'aller les surplomber sans s'approcher des berges peut-être dangereuses en fonction des délestages.
Un tunnel végétal
Le sentier... C'est une merveille ! Il commence par une petite mais rude côte. Et le spectacle surgit ! L'itinéraire coule au rythme murmurant de l'eau. De l'autre côté, par contraste, la colline est ravissante dans sa sèche et rugueuse nudité. Par endroits, la roche vieillie par le temps crée de belles vagues calcaires tombées des crêtes. Il y a des amoncellements, des blocs éclatés, figés dans leurs courses explosées et de l'autre côté, en contrebas, la vie de l'eau. Des cygnes qui fouillent la vase et plus
loin des canards, des centaines et des centaines de canards. Le sentier, lui, louvoie entre ces deux mondes. Pas longtemps mais ces moments de charme confinent à l'éternité si l'on y prend garde. Ainsi longe-t-on le Réaltor jusqu'à se rapprocher du grand axe de circulation routière, là où naguère vivait un restaurant aujourd'hui fermé. Avant que d'y parvenir, il aura fallu passer par un étroit tunnel végétal mâtiné de joncs et pointillé de vieux arbres aux troncs noueux. A ce point, il est temps de revenir sur nos pas. Un retour en contrechamp, ce qui ne gâche rien au spectacle, à la redécouverte aussi...
Paul Teisseire
PRATIQUE - Comment Y aller ?
Pour se rendre au carrefour de Lagremeuse et prendre alors la direction de la gare TGV, il faut passer par la commune de Calas en venant de Plan de Campagne, ou bien par la voie rapide venant d'Aix par Les Milles, ou encore par la route venant d'Eguilles.