Au Nord de l’étang de Berre, à cheval sur les communes de Miramas et Saint-Chamas, le Parc de l’ancienne Poudrerie royale offre un spectaculaire contraste de milieux naturels où subsistent les vestiges d’un passé historique et industriel inestimable.
En 1974, après 300 ans d’existence, le plus ancien pôle industriel de l’étang de Berre, fabriquant de la poudre d’explosifs, ferme définitivement ses portes (lire ci-contre). Décontaminé, démantelé puis inoccupé pendant près de 30 ans, le site s’est mué en parc naturel protégé sous l’égide du Conservatoire du littoral.
DIVERSITÉ NATURELLE ET PAYSAGÈRE
Aujourd’hui, cet écrin de verdure exceptionnel et sauvage surprend par la diversité des milieux qui y cohabitent. Si la nature a repris ses droits, la main de l’homme a fait sa part. En bordure de l’étang, une flore typique des zones humides méditerranéennes côtoie une végétation exotique -plus de 50 espèces- ramenée des colonies au milieu du 19e siècle par les directeurs successifs de la Poudrerie. L’ensoleillement et l’humidité due au réseau de canaux ont favorisé le développement de ces espèces tropicales et la formation d’une forêt hygrophile unique en Provence, notamment composée de cyprès chauves, arbre emblématique de la Louisiane. Ce luxuriant boisement contraste avec l’aridité de la partie haute du Parc couverte de garrigue, pinède et fruitiers méditerranéens en terrasses. Cette recolonisation naturelle offre une mosaïque d’habitats à une faune variée : 130 espèces représentées : poissons, batraciens, reptiles, mammifères- et autant d’espèces d’oiseaux (Refuge LPO).
EXTRAORDINAIRE PATRIMOINE HISTORIQUE
Aujourd’hui, le Parc, en partie réaménagé et sécurisé, est ouvert au public sur presque 30 hectares. De nombreuses traces du passé industriel et militaire demeurent* : bâtiments de l’entrée principale et son grand portail, galeries souterraines, ouvrages hydrauliques (canaux, réservoirs...) et la tour de garde creusée dans la colline de safre qui surplombe la zone de fabrication de la poudre où trois “moulins à poudre noire” ont été restaurés et remis en eau au printemps dernier.
Laissez-vous guider par le sentier d’interprétation historique et écologique, au gré de paysages insolites, entrez dans d’anciens ateliers où sont exposés objets, photos et documents anciens retrouvés sur le site (équipements de pompiers et de télécommunication, instruments de chimie, mallette de poudrier...), admirez un séquoia en traversant le “Jardin du directeur”, passez devant la cascade, l’ancien séchoir, jusqu’aux moulins. Longez ensuite la haie de tamaris qui borde l’étang et faites une halte au grand observatoire aux oiseaux.
Passé le monument en hommage aux victimes des explosions de 1936 et 1940, retrouvez le sentier qui ramène au point de départ, après un petit détour par la chapelle Saint-Vincent du 12e siècle traversée par un canal, avec, en contre-bas, un lavoir tout aussi ancien.
* de nombreuses archives font l’objet d’un fonds spécifique conservé aux Archives départementales des Bouches-du-Rhône.
TOURNEZ MOULINS
Pour retracer la mémoire de ce site, un chantier, cofinancé par le Conservatoire du littoral, la Région, le Département et EDF, a consisté à refaire un circuit d’alimentation pour remettre en eau les derniers moulins et faire à nouveau tourner la roue qui les actionnait. La réalisation d’une roue à augets a été confiée à l’association Acta vista qui mène des chantiers d’insertion dans la restauration du patrimoine. Cette pièce de plus de 4 tonnes et de 6,10 mètres de diamètre, a été inaugurée en juin dernier.
300 ANS D’EXPANSION
C’est au bord de l’étang de Berre, sur une bande littorale d’un hectare et demi, que Louis XIV fait construire, en 1690, le premier martinet à poudre. Le canal de dérivation de la Touloubre, tout proche, lui assure un approvisionnement en eau abondant et régulier. Jusqu’à sa fermeture en 1974, la “Poudrerie royale” ne cessera de s’étendre : construction de digues, acquisition de nouveaux terrains... À la fin du 19e, la manufacture se développe encore, occupant 60 hectares, pour atteindre, après la seconde guerre mondiale, plus de 130 hectares. On y dénombre alors 250 bâtiments. Environ 4 000 personnes y travaillent, dont un millier d’Indochinois enrôlés de force.
"Faire revivre des sites historiques et les ouvrir au public, c’est aussi la mission du Département. Sur le site de la Poudrerie, nous avons participé à la remise en eau des moulins et à leur fonctionnement, afin d’offrir aux visiteurs une reconstitution de l’état originel de ce lieu exceptionnel".
Jean-Marc Perrin, conseiller départemental, délégué à la mise en relief de la paléontologie et de l’archéologie en Provence.
+ d'infos :
Temps : 1h45
Distance : 4 km
Y aller :
1510 Route de Saint-Chamas à Miramas
De Saint-Chamas, D10 vers Miramas, l’entrée est indiquée sur la gauche (parking).
Horaires et jours d'ouverture :
le mercredi de 14h à 18h (17h de novembre à mars)
et les 1er et 3e dimanches du mois de 9h à 18h (17h de novembre à mars).
Visite guidée en groupe sur réservation : 04 90 58 27 93