Curieux repli en plaine de Durance
On y parcourt des ruelles aux trésors architecturaux... De vieux murs hantent l’espace jusqu’au bout d’une ascension rafraîchissante... Sensationnel !
Ou que l’on se tourne, dans tous les sens, de zigzags en lignes droites, des ruelles en coins de bois, de replis en vallons, de crêtes en drailles, de chemins en plaine, et aussi curieux, aussi fureteur que soit le regard, impossible ici d’échapper au passé, à l’histoire... Avec son aire d’influence, le village d’Alleins a ceci de captivant pour le visiteur, qu’il coule de ses vieilles pierres, de ses pans de murs, de ses jolies restaurations, de ses abords agraires et même de son espace forestier, de romantiques, de fantomatiques ruisseaux mémoriels.
Gigantesques visages de pierre en formes de murs, éclatants jeux de lumières sur d’intéressantes ouvertures bordées d’appuis moulurés aperçus rue de la Fraternité, remarquables encadrements rue de la République, ouvertures et façades datant du XVe au XVIe siècles visibles rue de l’Horloge, calvaire et oratoires aux abords de la petite agglomération, moulin à vent décapité mais terriblement charmeur dans son isolement au faite d’une petite colline pelée... Et puis le beffroi qui paraît encore rythmer la vie locale ; au bout de la rue de l’Egalité le lavoir de la Grande Fontaine avec sa symphonie cristalline ; le fameux portail Cousset rue Curie et les vestiges du château dont la découpe inégale mais encore fièrement dressée vient rehausser l’éclat historique d’un ensemble passionnant à découvrir dans ses moindres détails grâce aux recherches des « Amis du Vieil Alleins »... De quoi en avoir le tournis !
L’antiquité, la renaissance, et toujours cette belle forêt....
Alors, bien sûr, tout cela évoque un passé aussi lointain que tumultueux. Tout à l’heure, marchant sur les chemins ombragés qui grimpent sur le plateau des Costes, on devinera grâce à quelques traces que des hommes vivaient ici bien avant l’occupation romaine et la création de l’antique Alenii Castrum. Comme d’ailleurs l’on constate, à sillonner le village, que la vie n’y fut pas toujours facile entre la rigide possession du fief par les Évêques de Marseille, jusqu’au XVe siècle, avant que ne l’acquièrent les Renaud d’Arles qui devaient le conserver jusqu’à la Révolution.
Oppression, guerres aux épisodes dévastateurs, tel celui de l’invasion de la Provence par les armées de Charles Quint qui poussa les habitants à courageusement incendier eux-mêmes champs et ensemble urbain, pratiquant ainsi avec beaucoup de détermination ce que l’on appelle la politique de la terre brûlée. C’est, rapporte-t-on, parce que François 1er sut rendre hommage aux villageois et saluer leur geste de résistance, qu’Alleins put être reconstruit, avec bien entendu l’aide financière du monarque. Mais, plus puissamment que l’anecdote, il y a la magie des abords, cette belle et sombre forêt qui domine les toits, et sous les frondaisons une sérieuse grimpée vers un plateau qui éclate à tous les sens de Provence. Il est temps de s’y rendre, blottis pour commencer dans le silence d’un sous-bois vénérable...
D'Alleins à Vernègues (Bouches-du-Rhône)
Une tour... solide mais curieuse
Une tour... solide mais curieuse
On y accède facilement par le côté le plus pentu et le plus propice au dépaysement. Un petit saut au-dessus de l’église, en direction du calvaire par la rue Sadi-Carnot et puis le premier lacet de la D16 qui file tout doux vers Pélissanne, Aurons, La Barben ou le tout proche village de Vernègues.
Là, voilà tout à coup un panneau de bois, à main gauche, indiquant cette fois l’itinéraire pédestre qui mène lui aussi à Vernègues. La voie se love dans le contrefort du plateau, un contrefort pentu, dissuasif et salvateur pour ces lointains ancêtres qui là-haut pensaient se protéger des invasions. De vieux oliviers sont là pour saluer le visiteur ; tout de suite viennent les chênes, propulsés vers le ciel comme s’ils gesticulaient. Les pins se font timides.
Il fait bon, humide, d’une de ces humidités discrètes mais si exceptionnelles en Provence. Et voilà que cette petite ascension, qui mènera tout de même jusqu’à près de 380 mètres d’altitude, commence par une sérieuse série de aidillons forestiers. On grimpe sec mais facile, dans la fraîche ambiance des frondaisons, jusqu’à débouler, grisé, dans l’ambiance vallonnée qui préfigure le plateau. Dépaysement total... Plus de toits, plus d’horizon, plus rien d’autre que des murets de pierres, de vieux assemblages pyramidaux, d’antiques tas rocailleux qui en disent long sur l’occupation ancienne du lieu. Pour que la promenade exprime ce qu’elle a de meilleur, il faut la savourer par les pistes qui tout de suite, à main droite, montent vers le plat. On y voit une tour, solide mais pas trop haute.
Surprise : un escalier la borde donnant accès à une table d’orientation judicieusement perchée, d’où l’on embrasse un sacré brin de Provence, de la Durance jusqu’aux abords de la mer.
Voilà qu’au loin se dresse la silhouette d’un fier castel en cours de rénovation, que l’on l’atteint en quelques enjambées. Le vieux Vernègues est audessous qui montre toujours les cicatrices du terrible tremblement de terre de 1911. À main gauche en contrebas de la forteresse, une piste est marquée aux couleurs du GR, il s’agit là du GR6, qui ramène paisiblement vers Alleins et son petit labyrinthe de ruelles à rêver du passé.
COMMENT Y ALLER
Par Salon, Pont-Royal, La Barben ou Mallemort, les routes ne manquent pas pour rallier Alleins. Quant à l’itinéraire, il commence un peu au-dessus du calvaire, après l’église. Sur le bord de la D16, un panneau de bois indique la direction Vernègues.
Temps estimé aller-retour, en flânant : 2 heures
Difficulté : 2 (sur une échelle de 1 à 5).