
Si vous citez le nom de Bram Stoker à une chauve-souris, attendez-vous à ce qu’elle vous montre les dents (qu’elles ont carrées pour certaines). L’auteur irlandais du roman Dracula a en effet largement propagé des légendes sur ce mammifère qui traîne depuis une mauvaise réputation.
L’animal du diable
Précédé d’une réputation d’animal du diable au Moyen Âge et cloué sur les portes pour éloigner le Malin, le chiroptère est devenu sous la plume de Bram Stoker un redoutable individu assoiffé de sang. Pourtant, sur les 1 400 espèces recensées dans le monde, deux tiers mangent des insectes, un tiers se nourrit de pollen, de nectar de fruits ou de poissons. Seules 3 espèces ont un penchant pour l’hémoglobine à raison de...20 g par morsure ! Pas de quoi vous glacer le sang...
Un bébé par an
C’est dans le domaine départemental de Saint-Pons à Gémenos que l’on trouve une colonie de “Murin de Bechstein”. Cette espèce élit domicile, du mois de mai au mois de septembre, afin de donner le jour aux futures générations. Dans la douceur provençale, les femelles donnent vie à un bébé par an dans des lieux qu’elles se transmettent de génération en génération, privilégiant les cocons empreints de chaleur et de calme. Dans ces nurseries où peuvent vivre jusqu’à 7 000 individus, les petits sont allaités durant un mois.
Des radars dernière génération
La chauve-souris a besoin de sortir plusieurs fois la nuit pour chasser les insectes et revenir nourrir son bébé. Contrairement aux idées reçues, elle n’est pas aveugle et bénéficie en plus d’un drôle de système de radar. Pour repérer sa proie de la taille d’un moustique, elle émet des ultra-sons par la gorge en volant la bouche ouverte. Ses grandes oreilles que la nature lui a généreusement données lui servent alors de récepteurs et la guident vers son repas.
20 000 à hiberner ensemble
Le cycle de vie de ce drôle d’animal est somme toute assez simple : en septembre, les femelles partent retrouver leurs nombreux conjoints dans des sites de “brassage génétique”. Ne s’embarrassant pas de sentiments, la femelle peut s’accoupler avec plusieurs mâles pour mettre toutes les chances de réussite de son côté. Puis vient le temps de l’hibernation dans des lieux plutôt froids et humides, bien souvent au fond de cavités. Du côté de Saint-Rémy-de-Provence, dans un lieu très protégé, près de 20 000 chauve-souris viennent prendre leurs quartiers d’hiver à seulement 8 degrés. La solitude, c’est pas leur truc...
Le département préserve leur habitat
Dans le cadre d’un Plan national d'action chiroptère, le Département contribue au suivi biologique des chauves-souris et assure leurs conditions de vie. Notamment dans les domaines départementaux où il entretient les bâtiments, préserve les arbres et recense les grottes dans lesquelles les colonies s’installent.
Vol de nuit pour le Murin de Daubenton en pleine chasse au dessus d'un plan d'eau. C'est dans les troncs des arbres que les chauves-souris viennent se nicher. Dans le domaine départemental de Saint-Pons, une colonie de Murin de Bechstein élève en toute quiétude ses nouveaux-nés. Le femelle apprend très vite à son bébé à voler et à chasser. © TGY CHAUVE-SOURIS” OU “CHOUETTE-SOURIS” ? / © JM Bompar - GCP